Nos dictionnaires se souviennent : lors de sa quatrième édition, en 1904, le jury de l’Académie Nobel avait décerné son prix de littérature à Frédéric Mistral.
Au cours du XXe siècle, les lettres françaises furent encore distinguées une dizaine de fois, avec des noms aussi prestigieux que Rolland, Gide, Bergson, Mauriac, Camus, ou Claude Simon.
(Ci-contre à droite, le beau portrait imaginaire de l'héroïne Mireio, inventée par Frédéric Mistral. Ici statufiée par Brouchier, cette effigie en mascaron orne le tombeau du poète. Photo Lamblard).
La France de 2004 ne se soucia que très marginalement du centenaire de ce Nobel. La raison est à chercher dans la place que la France contemporaine accorde aux langues régionales.
Toutefois, la Provence en particulier guigna l’événement, du moins les Provençaux qui font du patrimoine leur fonds de commerce.
L’invention de la Provence touristique ne date pas de Mistral, mais ses écrits sont une aubaine pour les professionnels du pittoresque et autres agences de tourisme.
Nonobstant, bienfaiteur de l’humanité par ses écrits au regard de cette distinction internationale, Frédéric Mistral demeure le seul auteur en langue régionale qui ait offert un Nobel à la France ; première singularité, ce poète Français (et très hexagonal) n’écrivait pas volontiers en français...
Mistral avait donné ainsi, d'un premier élan, aux Lettres françaises une épopée de 6200 vers, un poème en douze chants comme la France en produit peu, "Miréio" (Mireille).
L'ensemble de l'oeuvre poétique de MISTRAL est considérable, elle comporte, en outre, un dictionnaire qui demeure toujours une mine d'or pour qui s'intéresse à l'ethnographie provençale et à la civilisation occitane.
Mistral fut aussi un auteur de chansons désormais entrées dans la tradition populaire.
Frédéric Mistral fut un poète précoce. Mais, en 1904, ce sera un vieillard qu’honoreront les Nobel en Suède, un homme prestigieux dont la mort dix ans plus tard sera occultée par la tragédie guerrière.
Premier portrait connu de Frédéric Mistral, signé Jean-Joseph Bonaventure-Laurens, 18 juillet 1852, à Tarascon. (Musée de Carpentras).
(Voir "Europe", n°907, Nov. dec. 2004. www.europe-revue.info
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