GAULOIS, LIGURES ET CELTES MÉRIDIONAUX
Des Gaulois dans la Provence Antique.
Avant, bien avant que cette portion de côte méditerranéenne, entre Alpes et Pyrénées, ne soit annexée à l’empire gréco-romain, sous le nom de Provence, «Provincia Romana », des peuples vivaient nombreux de part et d’autre du Rhône en développant une civilisation équilibrée.
Celtes, Gaulois, Ligures, Saliens, Ibères… Comment, eux-mêmes, ces "Barbares", se nommaient-ils ?
Réputés forts en gueule, ils n’ont pourtant pas écrit de longs discours, seulement quelques inscriptions, sur le tard, pour imiter leurs prestigieux fournisseurs orientaux inventeurs ou transmetteurs de l'écriture.
Les progrès de l’archéologie apportent un éclairage nouveau sur ces sociétés de l’"Age du Fer" en Gaule méridionale, également proche des peuples d'outre-mer.
Un roman, "Les Guerriers nus", ouvre une fenêtre sur ce passé que nous restitue la recherche archéologique :
Ci-dessus, un vase pansu à deux anses, (stammos) d'Étrurie du sud, datant de 400/350 avant notre ère. Sur les fragments conservés, on reconnaît un combat de guerriers Étrusques (ou Italiques) affrontés à des fantassins Gaulois nus. Ces derniers, vaincus, sont dévorés par les vautours sur le champ de bataille, suprême outrage. Trois oiseaux nécrophages sont encore visibles. Ces images de guerriers Gaulois seraient les plus anciennes figurations connues de ces combattants. (Akademiche KuntMuséum, Berlin, n° 1569). (Photo © Lamblard).
"Les Guerriers nus" :
Massalia, la cité phocéenne, fondée en 600 avant notre ère par des colons grecs, originaires d’Anatolie, s’affirme comme le théâtre d’affrontements où eurent lieu les noces qui unirent ces autochtones, prétendument barbares, aux colons étrangers.
Symbolisée par le mariage de Gyptis, la princesse gauloise épousant Protis, le conducteur mythique des commerçants asiatiques, cette rencontre de civilisations, ce choc de deux mondes, accoucha d’un troisième dont nous sommes issus.
Ci-dessous, deux guerriers gaulois sur la frise du temple de Civitalba en Italie, Musée d'Ancône.(Ph. Lamblard)
UN VERCINGÉTORIX MÉRIDIONAL ?
« …D’un accord unanime, les Ligures prennent pour chef Catamandros, un des petits rois de ce pays, qui assiégeait la ville de Massalia avec une nombreuse armée de soldats d’élites… »
C’est à peu près tout ce qu’on peut lire, sous la plume de Justin (XLIII,4-5) écrivain latin du 2e siècle. Seul écrit qui ait conservé le souvenir d’une « guerre de libération nationale » ayant opposé les Celtes méridionaux aux colons grecs.
Confronté à la pénurie de textes, l’historien peine à reconstituer l’organisation des sociétés antiques que l’archéologie sort de l’ombre ; le conteur, le romancier, dispose de moyens mieux adaptés.
<< En romancier archéologue, l’auteur nous entraîne dans la houle d’un soulèvement, en décrit la genèse, en suit la cristallisation autour d’un chef fascinant – Catamandros-, et ceci jusqu’à la violence tragique d’un dénouement de légende.>> (Thierry Auzas).
<<Roman d’aventure ? Oui incontestablement. Dans cet Occident « barbare », les Grecs nous font penser aux premiers visages pâles qui s’aventurèrent dans le Far West. Les Indiens, ici, ce sont les Celtes. Le lecteur se range de leur côté parce qu’il sait qu’ils vont perdre.>> (Bernard Lesfargues)
Second cliché du stammos falisque conservé au Kunstmuseum (pris sous un angle différent). Sur ce grand vase de céramique peinte (vers 400/350 avant notre ére), se déroule un combat de fantassins celtes ou Gaulois, sans cuirasse de protection, opposés à des cavaliers italiques. Les vaincus seront dévorés par des vautours. C'est une des rares représentations des "Guerriers nus". (Photo Lamblard). Cliquer pour agrandir.
LES GAULOIS DU "MIDI"
Les Indiens aussi partaient en guerre poitrine nue… Nous aimerions que vous découvriez ce roman comme on aborde un western :
<< Les Guerriers nus ce sont les Celtes qui, au dire de leurs adversaires, se ruaient sans armure au combat, mais couverts d’or. Ce sont eux qui ont terrifié Rome et pris le Capitole. Les récentes découvertes archéologiques apportent la preuve que ces hommes, loin d’être des brutes venues de contrées arriérées, formaient les corps d’élite de peuples autochtones que l’on nomme, selon les circonstances, Gaulois, Ligures, Saliens, ou Celtes méditerranéens. N'ayant pas, pour des raisons spirituelles, adopté l'usage de l'écriture, les textes qui parlent d’eux sont tous l’œuvre de leurs rivaux.
<< Confrontés à la civilisation nouvelle qu’apportaient les colons orientaux venus fonder un comptoir à Marseille, leur fougue ne leur fut d’aucun secours. Dépouillés de leur culture, face aux Grecs, ils se trouvèrent doublement nus. C’est le récit de leurs aventures que vous propose l’auteur.
Privilège du roman, il peut redonner vie à ceux que l’histoire a oubliés ou méprisés. >>
CHANT DE BATAILLE
Annick Peigné-Giuly écrivait dans Libération : <<Un épisode clé de l'histoire de la Provence antique ressuscité par un autochtone, expert en pain et pintade...>>
( Libération, jeudi 5 mai 2005).
Éditions Imago, Paris, 2005
Tel : 01 46 33 15 33
Extrait : Les Guerriers nus
e-mail : jm@lamblard.com
(La couverture du livre est de Ernest Pignon-Ernest )
Dans le domaine des contes de tradition orale recueillis en Provence, où l'influence des peuples antiques est majeure, lisez la version complète de Jean-de-L'Ours en cliquant ici : Jean-de-L'Ours.
Et toujours, le roman des bergers de la Crau en Provence, "L'UIARD", chez l'éditeur FÉDÉROP, où l'on retrouve des traces venues de la myhologie grecque.
Littérature :
Chant de bataille, LES GUERRIERS NUS
Par Annick PEIGNE-GIULY
Jeudi 05 mai 2005 (Libération) :
«La contrée où prospèrent les Matugénos forme un delta. Majuscule, sa pointe en amont se perd dans la vallée du Rhône là où naît le grand vent. Vaste pays celant entre le compas de ses jambes la mystérieuse Crau, c'est le centre du monde. Il s'épaule à l'Alpe, pose sa tête contre le Ventoux, coudoie l'Ibérie et tient dans ses doigts l'eau amère et l'eau fertile, le Vaccarès et l'étang du Martègue. Ce grand corps a les pieds dans la mer, un crabe appelé Massalia lui ronge le talon gauche.»
<< C'est dans ce même triangle matriciel où se situe son livre qu'a grandi Jean-Marie Lamblard. Là qu'a monté la pâte dont il est fait. Entre un père boulanger et une mère qui emmenait les enfants écouter les Choralies au théâtre antique de Vaison. Ce lointain descendant des Matugénos y reviendra, après la guerre d'Algérie, se faisant éleveur de pintades pour nourrir la famille. Avant d'en faire la matière de ses livres. Le "Vautour, mythes et réalités" en 2001, "L'Oiseau nègre, l'aventure des pintades dionysiaques" en 2003, et enfin ces "Guerriers nus", consacré aux Celtes méditerranéens qui se soulevèrent, en 405 avant Jésus-Christ, contre la Marseille antique, fondée par des Grecs partis d'Orient : trois ouvrages qui doivent autant à la recherche scientifique et historique qu'à l'âme romanesque, souvent épique, de Jean-Marie Lamblard.
Depuis la boulange de sa prime enfance, il a vécu plusieurs vies qui se sont empilées comme pour un millefeuille et c'est ce même goût que l'on retrouve dans ses livres tant il superpose avec gourmandise tout ce qu'il lui a été donné à voir et à sentir. Les pouvoirs étranges de "l'oiseau nègre", les vertus oraculaires de sa terre, le puissant métissage celto-grec des Provençaux. Son éducation s'est faite dans la ferme du grand-père, auprès de l'instituteur communiste du village, avec la bibliothèque d'un pasteur de la Mitidja, puis les pintades, le théâtre de Jean Vilar en Avignon, celui du Living Theater... Le fils du boulanger finira par soutenir une thèse d'ethno-zoologie en 1979 à la Sorbonne. Son amie, la chanteuse Colette Magny, en fera un spectacle, "Kevork ou le délit d'errance".
Devenu chargé de mission culturelle dans les années 1980, inspecteur général au ministère de la Culture dans les années 1990, Lamblard reprend sa liberté en 1997, à 57 ans, pour écrire et voyager. Ecrivain animalier donc dans un premier temps, avec l'épopée des Matugénos, il se mue ici en poète archéologue. Chantre d'un épisode clef de l'histoire de la Provence : la dernière bataille désespérée des villages de guerriers celtes contre le pouvoir grandissant des marchands grecs de Massalia. Elle s'accompagne de la naissance de l'idée de nation et de celle de l'écriture. Celle de Lamblard se fait lyrique pour conter le choc entre «le monde des cités urbaines, celui des Etats où règnent l'écriture et les chiffres» et celui «de la liberté barbare»
La fin du monde des Matugénos est la fin d'une culture orale, des épreuves initiatiques, des grandes migrations, des peuples de l'Ours, du Taureau ou du Sanglier... Où l'homme est animal, vent, vague tout autant qu'esprit. Où les mouches sont oestres, taons, mouches bécasses, mouches bourdons, mouches-loup, mouches pétronelles... Avec des mots archaïques qui composent une musique d'outre-temps, Lamblard écrit l'épopée d'Anbicos, le vieux chef prescient, et de son fils Catamandros, dévoré par le crabe Massalia. Une fable de notre temps aussi.>> (Libération)
Annick Peigné-Giuly, jeudi 5 mai 05.
LE PROGRÈS :
« Ce choc, cette fin de monde, Jean-Marie Lamblard les décrit dans une fresque magnifiquement épique. Mais il fait mieux. Il la raconte au présent, comme si elle se passait aujourd’hui. Parce que le choc des cultures n’a pas cessé à la surface du globe. Appuyé sur une formidable érudition, il fait revivre un quotidien de vingt-quatre siècles. Avec ses parfums et ses saveurs que le présent a parfois conservés, son savoir et ses croyances, ses rites secrets et ses passions éternelles. » Jean-Philippe Mestre. (Le Progrès)
Éditions Imago : Extrait de : Les Guerriers nus
La photo, au-dessus à droite, représente la célèbre "Tarasque de Noves". Cette sculpture celto-ligure fut trouvée à Noves (B. du Rh.) au siècle dernier. Elle représente un monstre androphage venu tout droit de la mythologie des peuples de la Celtique méditerranéenne. (Musée lapidaire d'Avignon. IIIe siècle avant notre ère environ). La Tarasque de Noves pose une énigme car elle évoque aussi bien l'art funéraire des Ibères que le style archaïque du Languedoc roman.
Le roman "L'UIARD" (Le Cyclope) : l'univers des bergers de la Crau au XIXe siècle, et leurs traces dans la Mythologie.